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" Arrêtez le carrelage ! " de Patrick
Raynal (Baleine, 1995) se place exactement dans le même
secteur. Gabriel - Le Poulpe - s'intéresse à
l'explosion d'un petit chalutier rentrant en rade de
Lorient. Un fait divers dont les autorités s'occupent
peu. Bien que les gens ne lui fassent pas trop confiance,
Gabriel met le doigt sur une affaire immobilière
plutôt suspecte. Il n'est pas seul à s'y
opposer.
Léo Malet entraîna lui aussi son héros
en Bretagne sud pour " Nestor Burma dans l'île
" (Fleuve Noir, 1970). Une ambiance insolite, hostile
parfois, aux yeux du détective citadin.
" Le noyé de Concarneau " de Michel
Germont (Fleuve Noir, 1977). Un suicide par noyade,
un enquêteur d'assurances mal convaincu par la
version officielle, un mort méconnaissable. C'est
la narration très réussie qui offre toute
sa saveur à cette histoire
Faut-il rappeler
que ce port figure dans plusieurs romans - dont "
Les demoiselles de Concarneau " de Georges Simenon
(1936) ainsi que " Le Chien jaune " (1931).
Deux titres d'Alain Page se déroulent aux alentours
de cette ville : " Casse-cou " (Fleuve Noir,
1967) et " Le corps mort " (Fleuve Noir, 1969).
Dans ce dernier, il est question de meurtre par
ski nautique. Jean Mazarin envoya un de ses héros,
le reporter Max Bichon, dans la région côtière
près de Morlaix pour " Halte aux crabes
! " (Fleuve Noir, 1982) où il enquêtait
sur les meurtres de plusieurs femmes. Mais son plus
célèbre personnage, le " Privé
au soleil " Frankie-Pat Puntacavallo, fréquentait
les rives de la Méditerranée.
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Ce qui nous permet d'arriver sur la Côte
d'Azur avec : " Accident au Lavandou " de J.P.Garen
(Fleuve Noir, 1977). Un juge d'instruction interroge les témoins
après la mort d'une jeune femme invitée dans
la villa d'une amie. Noyade accidentelle ou meurtre ? Un roman
un peu bavard, mais sympathique.
" Cadavres en vacances " de Jean-Pierre Ferrière
(Ditis-La Chouette, 1958). C'est à La Ciotat, dans
la pension de famille d'une cousine, que les originales surs
Bodin - Blanche et Berthe - vont passer des vacances quelque
peu mouvementées. Une histoire aussi souriante que
policière, fort agréable à lire. Du même
auteur " Faites chanter l'ogresse " (Fleuve Noir,
1975) a pour cadre une propriété proche du Lavandou,
où une femme mûre manipule ses jeunes invités,
garçons et filles. " Sainte Angoisse " (Fleuve
Noir, 1966) se passe aussi dans cette région, alors
que " Les pleureuses " (Fleuve Noir, 1968) a pour
décor un vieil hôtel de la côte normande
où un homme en fuite s'est réfugié.
C'est dans une villa sur la côte d'Azur, au Cap Bénat,
que Louis C.Thomas situe son haletant suspense " Manie
de la persécution " (Denoël, 1963).
Nice est l'une des villes très souvent utilisées
par les auteurs policiers. Citons au hasard Patrick Raynal
ou Michel Grisolia, parmi tant d'autres. C'est peut-être
Brice Pelman qui évoqua le plus fréquemment
sa ville. Déjà dans son tout premier roman publié
sous le nom de Pierre Darcis, " Le cadavre et moi "
(Athème Fayard, L'Aventure criminelle, 1960), il situait
son intrigue mouvementée à Nice. On pourrait
recommander la lecture de " Un innocent, çà
trompe " (Fleuve Noir, 1982), de " L'échappée
belle " (Fleuve Noir, 1984), ou de " La Bascule
" (L'instant Noir, 1987). Mais il en a écrit bien
d'autres, tous aussi excellents, se servant de ces décors
qu'il aime.
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De même, il serait vain de choisir un titre parmi
ceux de Georges-J. Arnaud, puisque nombre de ses romans
ont pour décor le littoral entre frontières
Espagnole et Italienne. Toulon revient souvent. Pour
l'anecdote, son roman " A tête coupée
" signé Georges Murey (Feux Rouges, Ed.Ferenczy,
1960) raconte une évasion au Mexique. Il s'inspira
largement des paysages côtiers du Languedoc pour
décrire ceux de la côte mexicaine dans
ce très bon roman.
L'action du roman de Richard Bessière "
Mourir sans risque " (Cheminements, 2001) se situe
à Narbonne-plage en été. Un policier
enquête sur les agressions dont est victime la
jolie Barbara.
Parmi les grands classiques s'étant servis des
sites maritimes, des ports ou des îles, on ne
peut oublier l'excellent Charles Williams, publié
dans la Série Noire. " La mare aux diams
" (1956), " Péri en mer " (1961),
ou " De sang sur mer d'huile " (1965) - devenu
au cinéma " Calme Blanc " - ne sont
que quelques exemples de ses livres, où la mer
joue un vrai rôle
Les îles constituant
des lieux à la fois insolites et isolés,
il n'est pas étonnant qu'elles aient inspiré
Agatha Christie pour " Les vacances d'Hercule Poirot
" ou " Dix petits Nègres " (Le
Masque)
On sait que Maurice Leblanc, père
d'Arsène Lupin, était attaché à
sa Normandie. Etretat fut-il selon lui le plus beau
site du monde ? " L'aiguille creuse " est
certainement un de ses romans le plus marquant
Les affaires traitées par l'avocat Perry Mason
se passe parfois au bord de l'eau. C'est même
sur un navire de croisière que se situe l'action
de " Visages de rechange " (Un mystère,
1949), le premier numéro de cette mythique collection
Bien qu'il ne soit pas le roman préféré
de son auteur, " On l'appelait Johnny " de
Jean-François Coatmeur (Denoël, 1979) est
un très bon livre. Sur un cargo mixte revenant
en France, un homme tombe à la mer. Il faudra
fouiller dans les lourds secrets des personnes se trouvant
à bord pour comprendre et trouver le coupable.
Du même Coatmeur, Son premier roman " Chantage
sur une ombre " (Le Masque, 1962) et " Les
voix dans Rama " (Denoël, 1973) ont pour cadre
Douarnenez.
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On peut également évoquer un roman de
Georges Tiffany : " La tragédie du Viking
" (Fleuve Noir, 1966), où de riches vacanciers
sont victimes d'un naufrage à l'issue de leur
séjour dans une île d'Ecosse. Un drame
provoqué par un homme d'affaires français
voulant qu'on perde sa trace ? C'est ce que pensent
les policiers venus enquêter sur place. Ils y
rencontreront la jeune femme du disparu.
" Le bateau des nuits blanches " de Roger
Vilard (Fleuve Noir, 1967) voit embarquer un assassin
récemment sorti de prison, qui a tué pour
" refaire sa vie ". Sur le navire, il devra
deviner l'identité de l'enquêteur qui pourrait
le coincer. Une intrigue particulière qui rend
cette histoire fort singulière.
Parmi les " régionaux ", Jean-Christophe
Pinpin a publié une série de romans situés
dans les îles bretonnes : " Qui voit Molène
voit sa peine ", " Qui voit Groix voit sa
croix " (Bargain).Citons aussi Françoise
Le Mer pour " Blues bigouden à l'Île-Chevalier
" (Bargain, 2003). Jean Failler privilégie
lui aussi le littoral dans ses romans : " Marée
Blanche ", " Boucaille sur Douarnenez "
(Editions du Palémon). Chez Liv'Editions,
on retiendra " Le rendez-vous de la Korrigane "
du défunt Gabriel Vinet, dont l'action se passe
en grande partie sur un îlot à la sortie
du Golfe du Morbihan. Christian Denis situe aussi ses
romans sur la côte Atlantique. Retenons "
Objectif thune ", qui a pour décor La Tranche-sur-Mer,
en Vendée.
Robert Béné a publié chez De Borée
plusieurs romans ayant pour décor l'île
de Ré. Parmi les plus récents : "
Un aller sans retour pour Ré-la-Blanche "
(2003), une histoire pleine d'humour qui se déroule
dans les années 1930, dans la grande tradition
du roman populaire.
Notons également un excellent recueil de nouvelles
publié en 2003 aux éditions Autrement
: " Brest, l'ancre noire ", avec des textes
de Gérard Alle, H.Bellec, J.F.Coatmeur, Cary
Férey, Marie Hélia et J.P.Jody.
Les titres évocateurs sur ce thème sont
légion :
" Quai des désespoirs " de Roger Martin,
" Quai des Typhons " de Claude Rank, "
La noyée de l'île " d'Albert Sigusse,
" L'inconnue des îles " de Maurice-Charles
Renard, " Une île si paisible " de Ray
Lasuye, " Le ver dans l'île " de Brice
Pelman, " L'île aux trente cercueils "
de Maurice Leblanc, " La baie des Trépassés
" de Catherine Arley, " Naufrages " de
Dan Dastier, " Envoyez la goélette "
de MG.Braun, " L'assassin est à bord "
de Patrick Quentin, " On a tué pendant l'escale
" de F.R.Falk, " Le navire qui tuait ses capitaines
" de Maurice Tillieux, " Le yacht noir "
d'Alain Page, " Poison en mer " de Serge Laforest,
" Du sable pour linceul " de Saint-Gilles
(G.J.Arnaud), " Aux algues, citoyens ! " de
Vic St Val, " L'île aux muettes " de
Bachellerie, " Thalassa " de Mario Ropp
Si pour certains auteurs, le décor n'est que
prétexte, beaucoup s'en servent réellement.
La description d'un site côtier ou portuaire apporte
une note originale à un roman. Quand ils parviennent
en plus à cerner la personnalité (parfois
paradoxale) des populations concernées, les romanciers
proposent alors des histoires très réussies.
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CLAUDE
LE NOCHER
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