Le Billet Polar

QUELQUES PSEUDONYMES par Claude Le Nocher

Les pseudonymes de certains auteurs méritent d'être rappelés car les romans publiés sous ces noms d'emprunts sont souvent excellents, voire très originaux.
Le prolifique Georges-J.Arnaud fut le roi des pseudos. Le premier qu'il utilisa dès 1952 pour " Ne tirez pas sur l'inspecteur " était Saint-Gilles (sa ville natale). Sous cette identité parurent plusieurs romans à l'ambiance très dense, parfois angoissante. Il y eut aussi Georges Murey pour des romans policiers et d'espionnage (" Urgence à Sydney ", " Territoire en alerte "…) ainsi que Georges Ramos (" Heures chaudes "). Le succès vint à partir des années 60 pour G.J.Arnaud. Durant la décennie suivante, il utilisa largement le nom d'Ugo Solenza pour sa production parallèle : de purs érotiques (" Le cinéma de Pascal "…), ou avec un contexte historique (la série " Marion ") et aussi de vrais policiers comme " Il ne viendra plus personne ", digne du Fleuve Noir. A noter, il ne prit pas de pseudonyme pour " Grouillements " et " Le festin séculaire ", ses deux romans Gore (contrairement à beaucoup d'auteurs qui ne revendiquaient pas ce qu'ils publiaient dans ce genre).
Brice Pelman est un pseudo. Mais c'est sous un autre que l'auteur commença sa carrière en 1960 : Pierre Darcis (" Le cadavre et moi "). Il publia quatre autres titres durant les années suivantes. En 1985, il reprit ce pseudo pour " L'amour à vif ".




Roger Faller commença sa carrière sous le nom de Roger Henri-Nova ("Valise pour Prague "). Un pseudo qu'il abandonna totalement en entrant au Fleuve Noir.
Alain Page n'est pas son vrai nom. Ce pilier du Fleuve Noir publia des romans d'espionnage sous la signature d'Alain Ray : " Punch au pétrole ", " Malaise en Malaisie ". Il est aussi l'auteur du scénario du film " La piscine " sous le nom de J.E.Conil, qui devint un roman. La novélisation du feuilleton télé " Le mutant " parut sous le nom d'Alain Page. N'oublions pas qu'il fut aussi l'auteur de " Tchao Pantin " qui, adapté, devint un succès au cinéma.
Serge Laforest publia des romans sous le nom de Terry Stewart (dans la Série Noire) : " Pas de vieux os ", " La mort et l'ange ".


S'il existe un cas particulier, c'est bien G.Morris-Dumoulin. Il joua avec son propre nom plusieurs fois dans sa carrière. Il fut d'abord G.Morris fin des années 1950 (" Assassin mon frère ", " Sur le gril "…) avant d'ajouter son vrai patronyme. Il le conserva en intégrant le Fleuve Noir, pour ses espionnages (" La meute à mes trousses "…) comme pour ses policiers (" Mettez-vous à ma place "…), qui sont avant tout des romans d'action. Dans les années 80, il signa à nouveau G.Morris ses romans d'Anticipation (" Untel, sa vie, son œuvre ", " Objectif : surhomme "…). Pendant dix ans, entre-temps, il écrivit sous le nom de Vic St Val (" Place aux jeunes ", " Matraquage "…). Les aventures planétaires du héros et de ses amis du WISP connurent un grand succès.
Citons aussi Pierre Pelot qui signa parfois Pierre Suragne (" Les grands méchants loufs ", " Suicide ", " Du plomb dans la neige "). Mais l'auteur de " L'été en pente douce " connut une belle notoriété sous son nom d'origine, Pierre Pelot.


Robert-Georges Méra (" La rouquine flamboyante ") devint Irving Le Roy, l'Aventurier (" La grille ", " A charge de revanche ", " A qui se fier ? "), mais utilisa pour des romans policiers le nom de Susan Vialad (" Une fille formidable ", " Trois pour deux "…)
Le journaliste Jean Laborde (" La loterie aux filles ") est plus connu en matière de romans policiers sous les noms de Jean Delion (" Pouce ", " Quand me tues-tu ? ") et surtout de Raf Vallet : " Sa majesté le flic ", " Adieu Poulet ", " Mort d'un pourri "…
Jean Mazarin commença à publier sous le pseudo d'Emmanuel Errer. On retiendra " Descente en torche " ou " Saint Tropez Oil Compagny ", mais aussi le plus récent " Dixie ". Jean Mazarin est aussi un pseudo (sous lequel il publia le plus). Pour ses romans Gore, " Blood Sex " et " Impact ", il utilisa le pseudo de Charles Nécrorian. Soulignons qu'il écrivit dans tous les genres : espionnage, Gore, anticipation, et surtout policier.
Le duo d'auteurs signant leurs romans policiers Eric Verteuil gardèrent ce pseudo pour délirer dans le genre Gore : " Sang frais pour le Troyen ", " Les horreurs de Sophie "… Marc Agapit, maître de l'Angoisse, signa Adrien Sobra pour un singulier roman policier : " Du plomb brûlant ".

Parmi les auteurs très productifs du Fleuve Noir, on doit évoquer Peter Randa. Policier, Aventurier, Angoisse, Anticipation, tous ces domaines furent les siens. Il publia aussi sous son nom d'André Duquesne (" Retour de femme "…) et sous le curieux nom de Jules Hardouin (" Enquête à couteau tiré ").
On trouve des rééditions d'André Héléna - son patronyme réel - sous le nom de Noël Vexin. Joyeux mélange que l'on doit à certains éditeurs. La bio-bibliographie publiée dans " Les flics ont toujours raison " permet de remettre un peu d'ordre dans cette pagaille. Seules les aventures de maître Valentin Roussel devraient être signées Noël Vexin. D'autres pseudos : Patricia Wellwood (" Muriel contre le gang "), Alex Cadourcy pour des romans éroticomiques : " Le doigt du diable ", " Le voyage à Marseille "…
Quel point commun entre " Graine de violence " d'Evan Hunter et " Une tête dans l'eau " de Richard Marsten ? Il furent écrits par le même auteur, Ed Mc Bain - c'est aussi un pseudo. Chez lui, on peut aimer ses flics du 87e (" Soupe aux poulets ", " Souffler n'est pas tuer "…) comme ses romans plus récents : " Quatre petits monstres ", " Mary Mary ", " Downtown "…

 

 

 


 

Faut-il parler de l'inévitable Erle Stanley Gardner ? Son principal pseudo, A.A.Fair, n'est plus un Mystère ( !) depuis longtemps. Il s'en servit pour raconter les aventures mouvementées de Donald Lam et Bertha Cool, insolite duo. Naturellement, on peut rester fidèle à l'avocat Perry Mason, dont les affaires - compliquées mais captivantes - sont signées du vrai nom de cet auteur.
Sans doute Georges Tiffany et Mario Ropp furent-elles moins masculines que leurs noms, puisqu'il s'agissait de femmes. Idem pour Mike Cooper (" La clé de l'enfer ", " Choisir son mort "). On sait aussi qu'Ellery Queen fut l'œuvre d'une paire d'auteurs…Tout comme les Paul Kenny - qui signèrent aussi Jack Murray (" Otages "). Kââ (" La Princesse de Crève " …) signa Corsélien pour ses romans Gore (" L'état des plaies "). Frédéric Dard signa certains espionnages Frédéric Charles… Mais la liste complète serait bien longue à donner…

 

CLAUDE LE NOCHER

 

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