Le Billet Polar



Roland Sadaune
Entre polar et peinture

" Roland Sadaune est peintre. En tant qu'artiste, il reste ouvert aux rencontres, aux hasards, aux regards imprévus, aux amitiés d'un soir […] Il a croisé, un jour, la horde hirsute des auteurs de polars. Résultat des courses, il s'est mis à écrire, car il aimait depuis longtemps la Littérature populaire […] Il continue de peindre. Il nous offre des portraits, ceux d'auteurs qu'il côtoie. On peut savoir à présent ce que Roland Sadaune, peintre / écrivain, pense de nous et de nos écrits […] Le portrait, [il] s'y est essayé avec bonheur, patience et humilité. Grâce à lui, nous existons un peu mieux. "
C'est ainsi que Jean-Bernard Pouy présentait cet auteur dans la préface de "Sombres et lumière" (Val d'Oise Editions, 2001). Non seulement Sadaune reste un peintre talentueux, aux sources d'inspiration variées, mais surtout il écrit et publie de plus en plus. Ce créatif nous propose de très bons romans d'action, à la narration vive, à l'ambiance sombre. Ses intrigues tortueuses et mouvementées sont animées par des péripéties à profusion. On se laisse entraîner avec grand plaisir dans les romans palpitants de Roland Sadaune. Voici plusieurs de ses titres récents :
" TOURS DE FORCE " (Editions Cheminements, 2005)
Une 2e jeune femme vient d'être assassinée à Tours, en un mois. C'est encore une brune d'environ 25 ans, aux petits seins, tuée selon un même rituel sadique. Le coupable n'a pas cherché à effacer empreintes et indices. Un cas identique s'est produit à Paris, sans que l'enquête ait abouti. La PJ parisienne envoie à Tours le capitaine Omer Carpentier, qui doit abandonner l'affaire du " fondu des bords de Seine ". Ce policier blasé regrette de laisser seule son épouse handicapée, Jenny. Préférant rester indépendant, Carpentier s'entend mal avec ses collègues locaux. Il n'a surtout aucune affinité avec le beau capitaine Closte, homo qu'il pense sans scrupule.
Alors que le tueur rôde toujours en ville, Carpentier enquête autour de la cathédrale Saint-Gatien. Les témoignages sont imprécis. Le policier est menacé par des suiveurs, mais il y a méprise. Les pages d'un livre, trouvées sur les scènes des crimes, offrent une piste. Un expert finit par définir qu'il s'agit d'un roman de James Hadley Chase. Des exemplaires en ont été achetés chez un bouquiniste parisien, ainsi que trois dagues V42. Celles qui servent à torturer, puis à achever les victimes. Carpentier est certain que le tueur va récidiver. En effet, l'homme au visage de gargouille séquestre une autre femme…


" TERMINUS St LAZARE " (Val d'Oise Editions, 2006)

La mort est entrée en gare à St Lazare. Piqué par une seringue contenant de la digitaline, un certain Choly a été assassiné dans un train de banlieue. Tom Franklin, 40 ans, capitaine à la Brigade Criminelle, est chargé de l'affaire. Il est assisté des lieutenants Emma Pirle et Yann Guégan.
La victime était un jeune artiste peintre. On lui avait commandé des illustrations des gares parisiennes pour un calendrier. Son ami montmartrois Bob Lacafetière n'en sait pas plus. Franklin recense un autre cas similaire. Quelques semaines plus tôt, un nommé Vartel serait mort d'une overdose dans un train, à Montparnasse. Lui aussi était peintre, également amoureux de l'univers ferroviaire. Tandis que ses adjoints étudient les indices, Franklin consulte un ouvrage sur les grands peintres, qui peut l'aider. La piste d'une personne portant un sac 13e Rue, vue au côté de Choly, mérite d'être exploitée.
Plusieurs témoins des deux affaires sont assassinées. Un trio de voyous essaie d'agresser Franklin, sur ses gardes depuis une première tentative. Ils disent être commandités par un policier. Possible : une voiture de police a été remarquée autour du meurtre d'un des témoins. Des affiches, reproductions de tableaux sur le thème des gares, offrent une nouvelle piste. Celle-ci mène Franklin a un défunt illustrateur, Noël Prisca. Il fut impliqué dans une sordide série de crimes, commis par son épouse. Tous deux se suicidèrent. Nul ne s'est interrogé sur leur enfant de 24 ans, Dominique.
La trilogie valdoisienne de Roland Sadaune débute avec " Val d'Oise rouge " (Editions du Valhermeil, 2003), première aventure du commissaire Stanislas Chimay. Elle se poursuit avec les deux titres suivants :



" VAL D'OISE TRAP " (Editions du Valhermeil, 2005)

Policier des RG, Pascal Moretta vient enquêter dans le Val d'Oise. Une lettre anonyme affirme que la mort de Trudec, vieux patron de bistro à Port-Cergy, ne fut pas accidentelle. Surtout, ce prétendu Breton était Allemand, ancien criminel de guerre nazi. Le commissaire Chimay, occupé par un tueur en série surnommé le Jivaro, n'aide guère Moretta.
Yves Le Disez est un vrai marin breton échoué en Île-de-France. A 33 ans, il a perdu toute sa famille. Guide de promenades sur l'Oise, il est l'amant blasé d'Isabelle Trudec. Avec la jeune Élodie, Isabelle tient le bistro de son défunt mari. Quand une certaine Marianne le contacte, Yves comprend qu'il n'a pas été choisi au hasard. Elle lui propose une mission bien payée : Pagès, son mari, est un escroc qui souhaite rapidement fuir la France. Yves accepte de le convoyer. Seul délai : il faut faire venir le voilier d'un ami de Rouen. Méfiant, Yves reste quand même sur ses gardes.
Séjournant à l'hôtel " Julia ", Moretti repère un drôle de couple. Nancy, jeune et belle Zaïroise, vit avec Voltain, un octogénaire semblant se cacher. Un autre client, Langlois, l'intrigue aussi. Il interroge Isabelle Trudec puis la jeune Elodie, qui sait peu de choses…
" VAL D'OISE BLUES " (Editions du Valhermeil, 2006)

 

Dans « Croyez-moi sur parole », Peter Warren est une fois encore chargé de protéger une jeune fille, Josie. Son père, qui fut un caïd du Milieu, aujourd’hui rangé, ne tient pas à ce qu’elle découvre son passé. D’autant que sa curiosité cause plusieurs victimes. Est-ce Charlie da Costa, patron de cercles de jeu, qui manipule cette affaire ? L’enquête s’annonce agitée pour Peter.
Dans « Pourquoi se priver ? » (1967), le détective infiltre sous un faux nom une cité de région parisienne. Il n’hésite pas à jouer les durs. Sa mission consiste à retrouver la trace de Dominique Christiani, dit Dodo. Celui-ci, qui a une douzaine de meurtres à son actif, semble se cacher ici. C’est sans doute lui qui dirige une bande de jeunes braqueurs. Le dangereux fugitif semble avoir des complices partout.
Dans « Avant que ça me reprenne » (1969), Peter Warren est tombé amoureux de la belle Frédérique. Celle-ci doit convoyer de Marseille à Paris une précieuse statue (que Peter trouve horriblement laide). Peter les accompagne. Lors du trajet, deux hommes essaient de voler l’œuvre d’art. C’est pourquoi, à l’arrivée, Peter décide de passer la nuit dans le musée qui accueille la statue. Les deux affreux se manifestent à nouveau. Ils ne trouvent pas ce qu’ils sont venus chercher. Peter craint que Frédérique ne soit en danger.




Comédien de 26 ans, Steeve Dutilleux a passé trois ans à Los Angeles. Il revient à Valville, qu'il appelle Val-City, suite au décès accidentel de son père. Veuf, Marc Dutilleux fut un grand compositeur de musiques de films, mais sa carrière déclinait. Steeve s'interroge : il n'a peut-être pas été victime d'un simple chauffard. Peu après s'être installé chez Marc, Steeve est agressé dans la rue, avant de retrouver la maison saccagée. Sans doute s'agit-il du même duo de gros bras qui a tué son père. Steeve contacte un ami de Marc, Nameless. Ensemble, ils devaient concevoir un logiciel contre le piratage musical informatique. Le projet semble incertain.
Le commissaire Stanislas Chimay rumine encore le drame personnel qui l'a marqué. Il enquête sur le meurtre d'un guitariste, auquel on a tranché les doigts. Quelques semaines plus tôt, un chanteur était mort d'une supposée overdose. Avec deux autres musiciens, ils appartenaient au groupe de hard rock Belligerent. La piste principale de Chimay est un Renault Master immatriculé " OM 95 ", vu près du lieu du 2e crime. Il fut acheté dans une casse-auto, par un intermédiaire qui ne sait rien de plus. Un suspect plutôt petit, chaussant du 45, tels sont les maigres indices. Bientôt la disparition d'un 3e musicien du groupe est signalée...


Roland Sadaune publia en 2003 un premier titre aux editions Charles Corlet : " Honfleur de peau ". Trois ans plus tard, en voici un nouveau. Il s'agit d'une road-story, un marathon chargé de noirs mystères et de suspense…

" TRAQUE A TROUVILLE " (Editions Charles Corlet, 2006)

Peintre parisien, Horowitz est connu sous le nom de Kaho. En ce week-end de Pâques, il assiste au vernissage d'une expo de ses toiles, près de Trouville. Cette réception mondaine ne l'inspire guère plus que l'organisatrice, Josette Piétri. Surtout, il s'inquiète au sujet de sa compagne Anna, dont il est très amoureux. Restée à Paris, elle est injoignable au téléphone. Par ailleurs, Kaho est contacté par une de ses anciens modèles, qu'il appelle Touffe. Deux autres filles, ayant autrefois posé pour lui, ont été assassinées dans la région. Elle lui fixe rendez-vous pour plus de précision. Il découvre le cadavre de Touffe, tuée comme les précédentes. Il quitte vite Trouville.
Retrouve Anna, c'est ce qui prime pour Kaho. Chez eux, elle a laissé quelques indices. Mais le peintre n'est pas sûr que sa disparition soit volontaire. Amie d'Anna, Nicole émet l'idée qu'elle a pu rejoindre une sorte de secte, en Picardie. Kaho se rend dans la Somme, où il peut compter sur l'aide de son ami peintre Arfmann. Toujours pas de trace d'Anna, mais d'autres ex-modèles de Kaho sont assassinées. Il est agressé avec violence par deux brutes, les frères Leguen. Ceux-ci sont commandités par la SPOP, secte qui se prétend association culturelle. Kaho secoue la secrétaire de ladite secte. Cette Sabine est l'épouse de Serge, le frère de Nicole. Le cas du peintre Michel Druville permet à Kaho d'entrevoir la vérité. Comme pour Druville, " on " veut lui imputer cette série de meurtres.

Les auteurs faisant preuve d'originalité sont rares. Ce passionné qu'est Roland Sadaune appartient à cette minorité. Ses polars vifs et captivants, sombres et agités, sont un régal pour les lecteurs. Contact : www.corlet-editions.fr

CLAUDE LE NOCHER

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