Quelques mots :
En mai 1945, Bronislaw Kaminski touchait le sol français, avec ces hommes, femmes et enfants rescapés de l’enfer nazi. Il venait de passer six années de sa jeunesse dans les camps de la mort du troisième Reich, dont plus de cinq à Mauthausen. Ce jeune poète polonais que ses « Chants barbares » nouveaux et violents avaient fait surnommer le « Rimbaud polonais » n’avait plus rien ; il avait tout perdu : famille morte sans sépulture, biens confisqués, manuscrits brûlés,
Quatre ans après son retour à la vie sur le sol parisien, Bronislaw Kaminski devenait Bruno Durocher et était reconnu par ses aînés Paul Éluard, Blaise Cendrars, Jules Supervielle, René Char, Pierre Reverdy. C’était en 1949, lors de la publication de son premier recueil en français, aux éditions Pierre Seghers : Chemin de Couleur.
Le jeune poète avide d’autonomie éditoriale et poétique voulait lancer une revue. Une main généreuse lui offrit une presse à bras. Ainsi vit le jour « L’Imprimerie des Poètes ». L’entourent alors pour fonder la revue Caractères Jean Follain, Jean Tardieu, André Frénaud...
La première plaquette, Le Désossé, publiée en décembre 1949 dans la collection « Chemin des hommes » est l’œuvre de son ami Jean Laugier. Peu après, le jeune hispaniste Claude Couffon lui remet deux petits volumes d’inédits de Federico Garcia Lorca, qu’il vient de retrouver à Grenade : La Suite des Miroirs et Petit Théâtre. Ce sera le début de la collection « Cahiers Latins » qui éditera les plus grands ou les nouveaux poètes d’Espagne et d’Amérique Latine.
Très vite, les collections se diversifient et les collaborations s’étoffent. L’aventure commence dans un atelier du 16, Cité Bisson, aujourd’hui détruit, dans le vingtième arrondissement. Au fil des ans et des opportunités, les machines à imprimer, dont l’utilisation fut celle d’un autodidacte, pérégrinèrent : rue Gît-le-Cœur, rue de la Harpe, rue Hautefeuille, où naquit la revue Hautes-feuilles conjointement aux collections Caractères puis la revue Planètes, dirigée en collaboration avec Alain Bosquet. La Normandie l’accueillit quelques mois à Saumont-la-Poterie.
Plus tard ce fut la rue du Faubourg-du-Temple, où Nicole Gdalia et Bruno Durocher livrèrent au plomb de la linotype les poèmes anonymes de la révolution de Mai 68.
Plus tard encore, les éditions émigrèrent rue Sainte-Marthe avant de se fixer définitivement en 1974 au 7, rue de l’Arbalète, au cœur de Mouffetard, perpétuant la tradition de l’impression et du lieu de rencontre entre écrivains, artistes, plasticiens, comédiens, musiciens... Le « Cercle des poètes et artistes amis de Caractères » était né.
En juillet 1996, Bruno Durocher quittait ce monde et les amis proches de Caractères se rassemblaient autour de Nicole Gdalia-Durocher pour poursuivre l’œuvre.
Source : Editions Caractères
Maison d'édition toujours en activité.
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