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Années

Virginia Woolf

Résumé : Très vite, après la publication des Vagues (1931), Virginia Woolf trouve le thème d'un nouveau roman. Ce récit, qui deviendra Années, elle l'appelle d'abord Les Pargiter, du nom de ses héros. Son propos ne manque pas d'ambition : tout englober, tout rete-nir de la vie, sexualité, éducation, société, politique, religion... Elle veut, écrit-elle dans son journal, « s'élancer par-dessus les précipices, depuis 1880 jusqu'à notre époque. » Et elle ajoute, à la date du 2 novembre 1932 : « je me suis trouvée dans une telle brume, un tel rêve, une telle ivresse, déclamant des tournures de phrases, voyant des scènes, tout en me promenant dans Sou-thampton Road, que je ne puis guère dire que j'ai été aucune-ment vivante depuis le 10 octobre. » Virginia Woolf, qui séjourne alors à Londres, vient tout juste d'avoir cinquante ans. L'été précédent a été caniculaire. Retranchés le plus souvent dans leur propriété de Monk's House, près de Lewes (Sussex), les Woolf tentent de poursuivre leur vie mondaine. Virginia, dont la santé sera toujours fragile, vacillante, heurtée, faite de dépres-sions et de sursauts d'énergie, s'évanouit un jour au milieu de ses invités. Témoins de son malaise, T.S. Eliot et Vita Sackville- West. Par la suite, Virginia va rester des journées entières allon-gée et prostrée. « Dieu, ce que je peux souffrir! », note-t-elle, « je restai étendue, surveillant, comme une mère pleine de sollicitude, les fragments de mon corps brisés et dispersés. » Durant cette période, travailler à Flush a été une détente, un rafraîchissement. Flush, c'est tout simplement la biographie drôle, sensible et charmante du cocker orange de la poétesse Elisabeth Barrett, l'épouse de Robert Browning. A Londres son coeur bat encore la chamade, « il galope », mais déjà Virginia retrouve sa vitalité, son optimisme, la force de rentrer en elle-même. « je ne crois pas qu'on vieillisse. je crois qu'on se modifie à jamais, face au soleil. » La voici donc face aux Pargiter, une nombreuse famille qu'elle observe et qu'elle fait vivre tout au long des onze chapitres qui s'échelonnent de 1880 à 1932. Pour une fois, elle va abandonner le roman-vision et les recherches qui lui avaient fait écrire Mrs. Dalloway, Promenade au phare, Orlando et Les Vagues. Elle renoue avec le roman des faits, des choses vues, des anecdotes, des histoires et des intrigues, comme dans ses deux premiers livres, La Traversée des apparences (1915) et Nuit et jour (1919) qu'elle publia après avoir épousé Leonard Woolf. Vivre dans l'intimité exclusive des Pargiter, entre le colonel Abel Pargiter, Rose, sa femme dont l'agonie s'étire à travers toute la maison d'Albercorn Terrace, un jour mieux, le lendemain pire, avec ses enfants et la bouilloire qui n'en finit pas de bouillir... c'est aller sans cesse à la rencontre du passé. Les personnages de Années cherchent vainement la brèche dans laquelle ils pourraient s'engouffrer pour revenir en arrière. La vie les a blessés, alors iils s'échappent du présent et remontent le temps. Il est émouvant de sentir tout au long du roman combien ils aimeraient raconter leur passé, le revivre, se laisser submerger par lui. Quelle délivrance ce serait de pouvoir parler avec celui qui justement se souvien-drait aussi!... Mais à quoi bon? Virginia Woolf le sait bien, il y a les règles imposées par la société, la bienséance, l'ordre, les préju-gés étriqués, mesquins, égoïstes, et surtout, il y a la peur, l'effroi d'entendre ce qui ne doit pas être entendu. Les Pargiter vieilli-ront les uns et les autres sous le regard d'Eleanor, Fainée des enfants, la vieille-jeune fille, l'errante, la voyageuse, l'égarée, comme Virginia Woolf, et tous demeureront figés, étouffés par l'étroitesse et la banalité de leur vie. Que restera-t-il de toutes ces « années »? Un éternel recommencement, une aube incessante que suit un crépuscule sans fin. Le soleil qui se lève, la silhouette d'Eleanor et une incroyable impression de beauté et de sérénité. Ce livre est-il proustien? Difficile de ne pas se poser la question, et pourtant il y a une différence essentielle. A la fin de son œuvre, Proust a trouvé un sens, une révélation qui éclaire toute La Recherche et l'explique, la justifie, la rend nécessaire et fructueuse. Chez Virginia Woolf, rien de tel. Au bout de sa recherche, le temps ne s'est pas refermé, ni bouclé sur la redécouverte des sen-sations et des émotions d'autrefois. A travers une succession d'instantanés, de brèves illuminations, Virginia a composé une ligne mélodique soumise seulement au hasard et au souffle du vent. « Ce qui me plaît », écrit-elle encore dans son journal, « ce sont les visions soudaines; le grand fantôme bondissant par-dessus l'écume des vagues. » Le temps est à jamais perdu, la vraie vie absente et la communication toujours impossible. Nous ne possédons que des fragments fugitifs. Toute sa vie, Virginia Woolf aura lutté pour survivre à ses blessu-res : la disparition de sa mère alors qu'elle n'a que treize ans, les humiliations de son adolescence, la mort de Thoby, le frère bien--aimé, les angoisses de l'écriture. Son journal est là qui témoigne de sa détresse, de son épouvante, de sa terreur de vivre. « je suis seule dans un monde hostile... Et lorsque je sombrerai, personne ne sera là pour me sauver. » Personne n'était là, en effet, le 28 mars 1941, lorsqu'elle répondit enfin au « tragique appel des eaux » et qu'elle avança dans le fleuve, les poches pleines de cailloux. Nicole Chardaire Source : Le Livre de Poche, LGF

N° de Collection : 3057

Collection : Le Livre de Poche

Edité par Librairie Générale Française

Paru dans cette collection en 1985

ISBN : 2253035912

EAN : 9782253035916

Genre : Roman

Prix éditeur : 7.10 €

442 pages

Numéro avant/après


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