Carnets

Fedor Dostoïevski

Résumé : Entre 1860 et 1881, l’année de sa mort, Dostoïevski a tenu, comme tout écrivain, des carnets, dans lesquels il notait, pour l’essentiel, des idées, des projets, des réflexions sur l’histoire, la politique, le pape, les rapports de la Russie et de l’Europe, de l’orthodoxie et du catholicisme, etc. Il ne s’agit pas de brouillons de romans (dont certains ont été partiellement publiés en français, notamment dans la Pléiade), mais bien de carnets, inédits en français, avec le côté spontané et désordonné que peuvent avoir ce genre de notes. Ces réflexions sont parfois empreintes d’une surprenante actualité, notamment lorsque Dostoïevski aborde la question de l’Europe et de ses rapports avec la Russie que l’auteur range sans hésiter en dehors de l’Europe. D’où ses multiples réflexions sur les réformes de Pierre le Grand qui, pour l’auteur, a trahi la voie spécifique de la Russie en voulant l’intégrer de force à l’Occident. Autre champ de réflexions : les relations des intellectuels et du peuple, de la culture populaire.

Curieusement, en critiquant violement les intellectuels qui ignorent la Russie "profonde" (il ressasse, par exemple, une haine tenace contre Tourgueniev), Dostoïevski donne systématiquement raison au peuple, annonçant, dans une certaine mesure, la révolution dont lui-même n’a cessé de combattre les idées. Dostoïevski polémique constamment avec un interlocuteur réel ou imaginaire, et on retrouve ici, même dans ces notes éparses, la structure dialogique et polyphonique de sa pensée, telle qu’il la mettra en œuvre dans ses romans.
Ces carnets ont été publiés en 1971 par l’Académie des sciences de l’URSS dans la collection Literaturnoe Nasledstvo.

La publication en russe comprend 700 grandes pages. On ne publiera que des extraits pour plusieurs raisons : Dostoïevski répète souvent les mêmes idées ; il fait parfois allusion à des polémiques qui seraient incompréhensibles sans des notes extrêmement circonstanciées ; enfin, certains passages sont tout simplement inintelligibles, car on ne dispose pas du contexte.

Source : Rivages