Résumé :
Ce troisième roman - présenté d'emblée par Sabato comme Mon dernier, et qui s'achève sur sa propre épitaphe — est la chronique des persécutions endurées par l'écrivain pour avoir osé révéler dans ses précédents livres, notamment avec le fameux « Rapport sur les Aveugles » d'Alejandra, quelles forces secrètes et ténébreuses gouvernent le monde en sous-main — un mode &spiritualisé, livré à la terreur des modes et à tous les modes de terreur. Chronique du combat solitaire du créateur soudain mêlé A l'univers de ses propres personnages, de leurs fantasmes et des siens, « ballotté dans le tumulte de ses romans comme les bouées amarrées h la côte et que secouent les fureurs de la tempête »; mais autel chronique d'un pays où les chambres de torture voisinent avec les salons littéraires, les bons mots avec les aveux extorqués, la dérision avec l'espoir massacré ; chronique, enfin, de l'agonie d'une civilisation marquée un peu partout par le triomphe des forces du mal et que résume et symbolise cette lettre adressée par un anonyme à l'ONU, sollicitant d'être radié de la race humaine.
« Crime et châtiment » de la création littéraire, « roman total » d'une crise spirituelle et sociale autant qu'exploration et aboutissement d'une « crise du roman » qui la reflète, ce livre se veut compris entre deux silences : celui, paisible, de l'incognito de la mort et celui, terrorisé, auquel son siècle contraindrait l'écrivain s'il n'avait la folie de passer outre à sa conscience de la vanité des mots, et, par ce défi, de les rendre parfois nécessaires.
Source : Points, Seuil