Résumé :
Rempart des honnêtes gens? Oui, bien sûr. Moyen d'oppression? Oui, bien sûr. Instrument de propagande? Oui, bien sûr. Thème de discussion? Oui, bien sûr. Et aussi une administration où l'on entre par concours et d'où l'on sort parfois les pieds devant. Victime du devoir? L'éloquence funèbre, comme certains privilèges – cadeaux empoisonnés – , a écrasé la police sous une responsabilité dont ne lui revient qu'une faible part.
Vantée comme nécessaire, discréditée comme indigne, elle a, au cours des temps, participé à de sombres machinations. On sous-estime sa force, on surestime son secret. On a falsifié son bilan avec les mots de succès et d'échec. Son rôle est aussi éloigné des uns que des autres. Il consiste à assurer, dans le progrès, un certain ordre public favorable à l'épanouissement d'une nation.
Et puis, attention! La police n'existe pas. Ce sont les policiers qui existent. On leur a collé des mas-sues. Otons-les gentiment. Nous trouverons dessous ce qu'on imagine mal : des visages.
Source : Folio, Gallimard