Les Montparnos

Michel Georges-Michel

Résumé : De tous les pays du monde, des artistes ont essaimé presque soudainement vers la rive gauche de la Seine et Montparnasse, quartier encore champêtre, vers 1910, avec ses maisons basses et ses ateliers nichés dans des jardins : on s'y lo e pour pas cher, on y subsiste de presque rien... mal, mais n importe puisqu'on peut y peindre et sculpter.
Pauvres, ces artistes le sont presque tous, arrivés à Paris avec pour seul bagage l'espoir de la célébrité ou simplement l'ardent désir de travailler, de discuter techniques avec de nouveaux amis. Alors ils se débrouillent, troquant une toile ou un dessin contre du pain, un logis, des couleurs.
Dans le tourbillon de l'avant et après-guerre (celle de 1914-1918), elle deviendra d'abord une énigme, cette « faune » de Montparnasse, artistes, marchands ou curieux mêlés, qui s'assemblent autour des tables du café de La Rotonde ou du Dôme: les « Montparnos a comme les a baptisés, le premier, Michel Georges-Michel et qui deviendront plus tard ce qu'on appellera paradoxalement l'Ecole de Paris.
Ils ont nom : Foujita, Japonais ; Kisling, de Pologne ; Juan Gris, Lagar, Espagnols ; Modigliani, Severini, Italiens ; Zarraga, Ribiera, Mexicains ; Soutine, Chagall, Kikoïne, Mané-Katz, Russes ; Delaunay Léger Metzinger, Français ; les sculpteurs Brancusi, Roumain, Zadkine, Lipschitz, Slaves ; Laurens, Français et, apparaissant là de temps en temps, Braque et Picasso... Comme ces deux maîtres, la plupart ont entrepris de réagir, en < construisant > , contre les petites touches de l'impressionnisme ou les surfaces sensuelles des Fauves, en cherchant une ascèse qui sera appelée le cubisme... Combien de ces combatifs, de ces précurseurs ne connurent le succès ou la gloire qu'après tant d'années de véritable misère !
De misère et de passion jusqu'à en être mortelle comme celle de Modrulleau et de la petite Haricot-Rouge, les pathétiques héros de ce roman qui fait revivre le temps où Montparnasse était le creuset de la vie artistique du lendemain - roman ou plutôt histoire romancée: Michel Georges-Michel a emprunté sans doute à Modigliani et à sa compagne Jeanne Hébuterne plus d'un trait de ses personnages que côtoient à visage découvert, de Paris jusqu'à Rome, bien d'autres authentiques Montparnos.

Source : Le Livre de Poche, LGF