Résumé :
Si les chefs-d'oeuvre abondent dans la bibliographie de Hrabal, Vends maison où je ne veux plus vivre en est cer¬tainement un des plus purs. Tout un art de vivre propre à Prague et à ses « marginaux » trouve ici un résumé per¬sonnel et jubilatoire, porté par le plaisir de la mystifica¬tion, de la blague incongrue et de la fanfaronnade. Autant d'armes secrètes élues par les Pragois pour parer à la pesanteur des jours et aux injustices de l'Histoire.
Proche autant des conversations de bistrot que des oeuvres majeures de l'art moderne, l'écriture de Hrabal procède d'un « montage choc » où se heurtent des faits, des destinées et des événements opposés. Un élan ba¬roque l'emporte sur tout schéma moral commode, pour relier d'un trait le trivial au sublime, le bien au mal, la cruauté du monde à sa beauté. Nous voilà entraînés sur la voie de la perception extatique, exacerbée du monde où l'ouverture à ses contradictions, pour finir, nous est offerte comme une grâce. Seule, la bêtise d'un fonctionnaire, dans un des plus beaux textes du livre, s'obstine à trier et à divi¬ser les êtres pour leur accorder un passeport...
Source : Points