Résumé :
L'hiver, on le reconnaît à cela que tous sont assis autour de boissons chaudes pour parler des charges de chauffage et de là où l'on va passer le Nouvel An. En hiver, on monte dans le métro et quand on remet le nez dehors, il fait nuit. C'est L. qui me l'a expliqué. Elle m'a aussi expliqué que l'hiver est la meilleure de toutes les saisons, la plus claire, la plus sincère, que c'est la saison en laquelle on peut encore avoir le plus confiance parce qu'on n'est pas aveuglé par le soleil, ni par les belles couleurs des feuilles et pas non plus par les hormones. L. se mue alors en L. d'hiver, et la L. d'hiver réserve bien des joies. La L. d'hiver est toujours emmitouflée dans des pull-overs et des manteaux, des châles, des gants, des manchons et des oreillettes. La L. d'hiver prend beaucoup de place. La L. d'hiver peut à peine bouger dans son armure contre le froid. La L. d'hiver a toujours besoin de plusieurs minutes pour éplucher sa carapace durant lesquelles je peux observer comment la L. d'hiver redevient petit à petit la L. que je connais de l'automne, du printemps et de l'été. La L. d'hiver, je la rencontre souvent autour d'une boisson chaude et nous ne parlons pas des charges de chauffage et seulement parfois du Nouvel An, nous n'avons pas besoin de ça pour savoir que c'est l'hiver. Avec la L. d'hiver, je parle d'autres choses, mais j'avoue ne pas être toujours très attentif car la L. d'hiver ne peut jamais décider si elle a trop chaud ou trop froid, alors elle enlève sans arrêt et elle remet sans arrêt au cours de la discussion différentes couches de son emballage, et puis elle laisse, à dessein je suppose, tomber un gant, et puis elle s'emberlificote dans une manche de pull-over, et le châle tombe dans le café, et moi, je suis très content, et la L. d'hiver demande : Tu m'écoutes au moins. Et je dis : Oui, mais c'est un mensonge.
Source : Les Allusifs